Jeudi 19 octobre au Cercle républicain Nico Duque, accompagné de son ami musicien Carlos Ordóñez, est venu nous parler de musique flamenco sous l’affiche d’un café cantante bien attirant.
Avec de nombreuses cartes et documents à l’appui, Nico Duque a commencé par brosser les grandes périodes de l’histoire ibérique, de l’Antiquité à l’époque moderne de la Reconquista, puis aux migrations du XXe siècle. L’histoire longue montre les richesses des peuples migrants venus d’Europe et d’Afrique. Certains se sont établis en cette extrémité occidentale de la Méditerranée, ils y ont partagé des langues, des savoirs, des danses… Sans oublier l’apport des peuples Tziganes. Nico a mentionné de ce point de vue l’exposition Barvalo, récemment proposée au MUCEM. Échanges, conflits et héritages ont façonné les patrimoines locaux, jusque dans les musiques qui accompagnaient la vie des paysans et des travailleurs. Tous ont participé notoirement à l’aventure musicale du flamenco.
Depuis le canto jondo, « chant profond », primitif du flamenco, plusieurs figures singulières ont ponctué cette histoire. Silverio Franconetti, que Nico Duque a présenté comme un chanteur talentueux selon ses pairs, fut notamment à l’origine de ces fameux cafés chantants, lieux où la musique flamenco s’est rapidement professionnalisée à la fin du XIXe siècle.
Christine, à qui l’on doit photos et enregistrements publiés sur son compte FB, s’est alors interrogée sur la signification du mot « flamenco », laquelle, selon Nico Duque, n’a jamais entièrement été expliquée. Les moyens du Carrefour citoyen – qui doivent tant au téléphone de Bernard – ont permis de faire entendre un extrait sonore aux influences berbères et arabes (cf. ‘Zyryab’ par Paco de Lucia). Carlos Ordóñez, musicien colombien spécialiste de cumbia, a expliqué pour sa part que les interactions entre l’Espagne et les Amériques étaient également toujours très vives dans la manière de penser et jouer flamenco.
L’exposé entamé avec souci d’exactitude ne s’est pas poursuivi sans que Nico Duque se saisisse de sa guitare. Christian n’aurait de toute façon pas laissé partir notre conférencier autrement ! Il faut dire que cette façon de mettre en perspective la matière musicale sous des doigts experts nous a particulièrement plu. La démonstration a été efficace pour saisir les nuances subtiles dans le rythme et le phrasé des différents styles, et aussi d’apprendre (ou simplement de réviser) ce qu’était une cadence andalouse. Tout le monde était d’ailleurs à deux doigts de se mettre à danser quand l’heure de conclure est arrivée. « Qui trop embrasse manque le train » aurait à ce moment-là glissé Charles, avant de faire passer un beau chapeau dans l’assistance.
La soirée s’est terminée autour d’un verre. Carlos nous a offert à cette occasion une démonstration envoûtante de gaïta, dont un enregistrement est audible ci-dessous. En une autre soirée, une autre saison, l’idée d’une suite à cette entrée (conséquente) en matière pourrait bien nous faire chanter pour replonger dans cette musique flamenco.
- Nico Duque anime un atelier flamenco tous les lundis à la Casa consolat (lien)
- Carlos Ordóñez partage ses expériences sur une page FB (lien). Merci à lui pour la démonstration de gaïta que l’on peut écouter ci-dessous.